De la Sibérie à Paris, une saga de pionniers et de visionnaires
1910
Gregory Salomon, russe opposant au régime, est exilé avec sa famille en Sibérie, terre d’ancrage et de passage obligé, depuis le XIIIème siècle, des marchands de fourrure et de peaux. Il décide de se consacrer au commerce des fourrures.
1920
Gregory Salomon choisit d’émigrer en France, à Paris. Jovial, charismatique et visionnaire, Gregory Salomon est un personnage hors normes, comme trempé dans l’encre d’un Dostoïevski. Son premier défi ? Celui de renouer les liens avec le gouvernement russe et de se poser en partenaire crédible. A Saint-Pétersbourg, place forte des achats aux enchères, il porte le numéro 2 qui le sacre le plus ancien acheteur de fourrure de tous les temps. Gregory Salomon, le patriarche d’une famille de sept frères, le pionnier, l’aventurier d’une « conquête » de l’Est, sillonne la Russie en train et traîneau, achète l’excellence, mais aussi, en homme au grand flair, ce qu’il pressent la tendance à venir (il lancera, entre autres coups de maître, la loutre de mer, fourrure délaissée à cette époque). Toute la profession le respecte et le suit. Le visionnaire pose alors, jusqu’à la deuxième guerre mondiale, les fondements d’une saga de légende.
1940
Avec femme, frères, enfants et stocks, le patriarche et pelletier intrépide passe en zone libre en voyageant… dans le wagon des officiers allemands. Puis il gagne les Etats-Unis.
1960
Après le retour de la famille à Paris, Boris Salomon, deuxième génération, prend la direction de la maison au moment où l’astrakan, hier fourrure adulée, subit un rejet de plein fouet. Le pelletier téméraire ose lancer sur le marché la tendance des peaux tâchetées - panthère, ocelot, jaguar, guépard… - qu’il rapporte de ses tours du monde et fait tanner en France. Dior et Révillon, les deux maisons de luxe les plus exigeantes en la matière, figurent parmi ses fidèles clients.
1965
L’autre fait d’armes du grand intuitif s’appelle la Chine. Aventurier comme son père – curiosité, audace et innovation perfusent l’ADN de chaque génération - il part y négocier peaux de lapin, chèvre, viselle… Et jette les fondements, en pionnier encore, de la démocratisation de la fourrure.
1970
Toujours ouvert et pugnace, Boris Salomon fédère une sélection de fabricants et lance une collection « Fun Furs » à la coupe géométrique et futuriste très tendance et aux prix sensés. Les grands magasins américains ouvrent leurs portes. Ras de marée….
1972
Yves Salomon, troisième génération, reprend le flambeau. Aventurier nomade à l’instar de ses père et grand-père, ayant hérité d’une vision internationale de la profession, il renoue les négociations -et il est le seul français- avec le gouvernement chinois.
1980
Le tournant. Les années 80 signent l’arrivée des Créateurs et du prêt à porter créatif de luxe. Le directeur des Galeries Lafayette demande à Yves Salomon, alors négociant en peaux, de lancer la collection Fourrure de Thierry Mugler à laquelle il réserve 100m². Yves Salomon crée un atelier d’excellence de quarante personnes et développe les licences. De Jean-Louis Scherrer à Nina Ricci. D’Azzedine Alaïa à Guy Paulin et Popy Moreni. Et lance également sa propre ligne.
1997
Premier défilé Gaultier Couture. Yves Salomon, qui ne vit que de défis, marche à ses côtés. Suivra la licence Jean-Paul Gaultier Fourrure. Puis le partenariat avec Sonia Rykiel. Les autres créateurs et marques emboîtent le pas, Yves Salomon réalise leurs rêves. Et les nouvelles techniques et innovations pulsent. Un atelier de Recherche et Développement voit le jour : Fourrure stretch, fourrure tricotée, associations de matières évidentes ou intrigantes... Légèreté des vêtements et prix sensés métamorphosent le paysage de la fourrure. Dior, Yves Saint Laurent, Prada, Vuitton nouent des partenariats. Yves Salomon assoit son aura, sa signature d’excellence, d’inventivité et de créativité. La maison travaille une centaine de fourrures différentes, du blaireau à l’ondrata, marmotte, vison, chat lynx, renard, zibeline, chinchilla…
Aujourd’hui
La maison Yves Salomon, maison de mode doublée d’une connaissance unique des peaux et de leur métamorphose, décline et diversifie six lignes : Yves Salomon (la femme active et élégante), Meteo (jeune et accessible), Army Fur (clin d’œil aux vêtements militaires), Yves Salomon Accessoires, Yves Salomon Homme et 245 Saint Honoré (la ligne créative haut de gamme).
Thomas Salomon, 29 ans, quatrième génération, héritier d’une culture porteuse de rêve, d’affectif, et d’un savoir-faire unique, poursuit l’aventure aux côtés de son père. Œil créatif de la maison grand ouvert sur le XXIème siècle, il gère la communication interne et externe et s’attache à asseoir, dans le grand respect d’une tradition du métier, l’image dynamique et innovante d’une maison encore et toujours habitée joyeusement de défis.